"Aimée & Jaguar", une romance lesbienne pendant la Seconde guerre mondiale

On croit toujours que l’amour appartient aux temps calmes… que les grandes histoires naissent dans la douceur des jours ordinaires. Pourtant, l’Histoire nous prouve le contraire. C’est parfois au cœur du chaos, au milieu des ruines et des menaces, que se tissent les liens les plus intenses. Là où tout devrait séparer deux êtres, l’attirance et la nécessité de survivre peuvent créer un espace fragile où les côtés humains reprennent naturellement leurs droits.

Ces histoires existent dans la réalité comme dans la fiction et évidemment, elles ne sont pas là pour embellir la guerre ni pour excuser les idéologies qui l’accompagnent, mais pour raconter la complexité des choix, des émotions et des silences que la survie impose. Ces histoires, surtout, explorent la zone grise où l'instinct, la peur, la compassion et le désir (oui, oui) subsiste même lorsque le monde extérieur se déchire.

Et dans ces histoires qui interrogent, j'aimerai vous parler du film "Aimée & Jaguar" qui s'inspirent d'une histoire vraie, mais rappelle aussi que l’amour peut naître là où il ne devrait pas… et qu’il peut devenir, contre toute attente, une forme de résistance.

Sommaire

La bande annonce du film

Aimée & Jaguar : aimer au cœur de Berlin en 1943

Berlin, 1943. Nous sommes en pleine guerre et la ville vit au rythme des bombardements alliés et de la méfiance généralisée imposée par le régime nazi. Dans cet univers clos, deux femmes se rencontrent par hasard, comme si leurs trajectoires s’étaient croisées en défiant toutes les lois de la logique et du destin. Lilly Wust, épouse d’un officier de la Wehrmacht et mère de famille, incarne l’image de la citoyenne modèle selon les critères du Reich. Felice Schragenheim, photographe et résistante, dissimule derrière un nom d’emprunt la vérité qui la condamnerait immédiatement : elle est juive.

Le film de Max Färberböck, adapté du témoignage recueilli par Erica Fischer, raconte bien plus qu’une romance dans un contexte hostile. Il met en lumière une relation unique : Felice séduit et provoque avec l’énergie de celle qui sait que chaque jour est un sursis. Lilly, elle, se transforme à son contact. Son regard sur le monde change, et la loyauté qu’elle croyait acquise à son mari et à son milieu se fissure.

Leur histoire est d’autant plus bouleversante qu’elle s’inspire de faits réels. Felice Schragenheim a véritablement existé autant que son destin tragique : elle a été arrêtée par la Gestapo puis déportée. Cela nous rappelle que cet amour n’échappe pas aux lois impitoyables du temps et de l’Histoire. Ce qui reste, c’est la trace de ce lien, témoin qu’au milieu de l’horreur, deux êtres ont osé se reconnaître.

D’autres histoires de résistance intime

L’histoire de Lilly et Felice n’est pas un cas isolé dans la fiction ni même dans la réalité. D’autres œuvres ont exploré ce territoire fragile, où l’attirance se mêle à la peur et où chaque geste tendre peut être interprété comme une trahison.

Dans Suite Française, roman inachevé d’Irène Némirovsky, une jeune Française voit naître une relation ambiguë avec un officier allemand. Ce lien, loin d’être idéalisé, met en lumière les dilemmes moraux, la complexité des émotions et les frontières mouvantes entre instinct de survie et véritables sentiments.

Le Pont de Cassandra, tout comme Enemy at the Gates, aborde à sa manière les amours nées dans des zones de conflit. Ces récits rappellent que, même lorsque deux individus se trouvent dans des camps ennemis, il peut exister un espace intime qui échappe, pour un temps, aux ordres et aux uniformes.

Ces histoires ne cherchent pas à cautionner une idéologie ni à effacer la responsabilité des protagonistes. Elles s’intéressent à ce qu’il reste d’humain lorsque le monde autour se déshumanise. Elles montrent que parfois aimer devient une forme de résistance : un refus de se laisser modeler par la haine et la peur, même si cet acte reste condamné par l’époque et dangereux pour ceux qui l’osent.

L’amour comme acte de résistance

Dans ces récits, aimer ne se limite pas à une émotion partagée : c’est un choix délibéré, souvent risqué, qui s’oppose silencieusement à l’ordre établi. Ce geste intime, à première vue insignifiant, devient en réalité une forme de désobéissance à un système qui dicte qui l’on doit craindre, mépriser ou éliminer.

Ce n’est pas offrir une rédemption à celui ou celle qui porte l’uniforme de l’oppresseur ; c’est observer comment, dans les interstices de la violence, un fragment d’humanité peut encore se frayer un chemin. Ces histoires mettent à nu la tension permanente entre instinct de survie et loyauté envers l’autre, et rappellent que le courage prend parfois la forme d’un murmure ou d’une main serrée quand tout encourage à la lâcher.

En choisissant de montrer l’amour dans ces circonstances extrêmes, les auteurs ne gomment pas la cruauté de la guerre, au contraire. Ils l’exposent avec plus d’acuité, à travers la vulnérabilité des personnages, en révélant ce que la peur, la perte et la menace constante font peser sur chaque geste tendre.

Où regarder "Aimée & Jaguar"

Ce film est disponible sur Amazon prime

Note d'intention de l'autrice : Dans mes œuvres, vous aurez remarqué une constance singulière : l'utilisation des mêmes prénoms et parfois des mêmes caractères pour mes personnages. Cette méthode est une invitation à une expérience de lecture que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Imaginez-vous un instant dans le monde du cinéma. Lorsque nous apprécions une actrice ou un acteur, nous sommes tentés de suivre leur carrière, découvrant des rôles variés dans des films aux contextes distincts. Cette continuité crée un fil d'Ariane émotionnel, reliant des œuvres par une présence familière. 
De la même manière, dans mes romans, les personnages portent parfois les mêmes prénoms et noms. Cette récurrence est une invitation à explorer différentes facettes d'une personnalité et des existences, à la voir évoluer dans des contextes, des époques et des intrigues variées. 
Cette approche est ma manière de les imaginer, de créer un univers littéraire où chaque histoire est liée par des fils invisibles. Je vous convie donc à plonger dans ces œuvres distinctes comme dans une toile inédite où se révèlent les portraits des femmes qui m’inspirent…