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Introduction aux études sur le genre | Laure Bereni

| Kyrian Malone | Livres Trans

EtudesgenrePourquoi offre-t-on des poupées aux filles et des voitures aux garçons ? Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? Comment expliquer qu'elles effectuent les deux tiers du travail domestique ? Pourquoi est-ce si mal vu pour un homme d'être efféminé ? Le pouvoir est-il intrinsèquement masculin ? Il s'agit là de quelques-unes des nombreuses questions auxquelles s'intéressent les études sur le genre, devenues depuis une trentaine d'années non seulement un champ de connaissances, mais aussi un outil d'analyse incontournable en sciences humaines et sociales. Au-delà de la variété des phénomènes étudiés, l'ouvrage souligne plusieurs partis pris essentiels des études sur le genre : les différences systématiques entre femmes et hommes sont le résultat d'une construction sociale et non pas le produit d'un déterminisme biologique ; l'analyse ne doit pas se limiter à l'étude «d'un» sexe, mais porter sur leurs relations ; le genre est un rapport de domination des hommes sur les femmes, dont les modalités et l'intensité sont sans cesse reconfigurées.

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Broché: 358 pages

Editeur : De Boeck; Édition : 2e édition revue et augmentée (27 septembre 2012)
Collection : Ouvertures politiques
Langue : Français
ISBN-10: 2804165906
ISBN-13: 978-2804165901
Dimensions du produit: 24 x 17 x 2,4 cm
Moyenne des commentaires client : 3.7 étoiles sur 5  (7 commentaires client)

Ce manuel propose un panorama clair et synthétique des notions et références essentielles des études sur le genre, en les illustrant par de nombreux exemples concrets. Pour les étudiants, chercheurs et enseignants des 1er et 2e cycles en sociologie, anthropologie, science politique, histoire et philosophie. Laure Bereni est sociologue, chargée de recherche au CNRS. Elle enseigne à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, où elle codirige le master «Genre, politique et sexualité». Sébastien Chauvin est maître de conférences en sociologie à l'Université d'Amsterdam, directeur du Amsterdam Research Center for Gender and Sexuality. Alexandre Jaunait est maître de conférences en science politique à l'Université de Poitiers et chargé de cours à Sciences Po. Anne Revillard est maîtresse de conférences en sociologie à l'Université Paris 13 - Sorbonne Paris Cité.

Extrait

Extrait de l'introduction 

Pourquoi offre-t-on des poupées aux filles et des voitures aux garçons ? Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? Comment expliquer qu'elles effectuent les deux tiers du travail domestique ? Pourquoi est-ce si mal vu pour un homme d'être efféminé ? Le pouvoir est-il intrinsèquement masculin ?

Il s'agit là de quelques-unes des nombreuses questions auxquelles s'intéressent les études sur le genre, qui ont connu un essor important depuis une quarantaine d'années dans un grand nombre de pays. Pour répondre à ces questions, ces études proposent une approche spécifique, dont ce manuel offre un panorama synthétique et structuré.

I. LES ÉTUDES SUR LE GENRE : DÉMARCHE GÉNÉRALE ET CHOIX THÉORIQUES

Les études sur le genre pourraient être définies, de façon très large, comme l'ensemble des recherches qui prennent pour objet les femmes et les hommes, le féminin et le masculin. Mais une telle définition ignore les apports les plus heuristiques de la riche tradition intellectuelle qui s'est développée depuis les années 1970 à proximité ou dans le sillage des mouvements féministes, et qui a donné corps à ce que nous appelons aujourd'hui les études sur le genre. En nous appuyant sur cet héritage, nous proposons de mettre en évidence quatre dimensions analytiques centrales de ce concept : le genre est une construction sociale (1) ; le genre est un processus relationnel ; le genre est un rapport de pouvoir ; le genre est imbriqué dans d'autres rapports de pouvoir. 
1. La première démarche des études sur le genre a été de faire éclater les visions essentialistes de la différence des sexes, qui consistent à attribuer des caractéristiques immuables aux femmes et aux hommes en fonction, le plus souvent, de leurs caractéristiques biologiques. La perspective anti-essentialiste est au coeur de la démarche de Simone de Beauvoir, quand elle écrit dans Le deuxième sexe, en 1949 : «On ne naît pas femme : on le devient»3. Il n'y a pas d'essence de la «féminité», ni d'ailleurs de la «masculinité», mais un apprentissage tout au long de la vie des comportements socialement attendus d'une femme ou d'un homme. Autrement dit, les différences systématiques entre femmes et hommes ne sont pas le produit d'un déterminisme biologique, mais bien d'une construction sociale. 
2. La deuxième démarche des études sur le genre a été de prôner une approche relationnelle des sexes, car les caractéristiques associées à chaque sexe sont socialement construites dans une relation d'opposition (cf. encadré n° 1). Dès lors, on ne peut étudier ce qui relève des femmes et du féminin sans articuler l'analyse avec les hommes et le masculin. Contrairement à ce qu'on pense souvent, les études sur le genre s'intéressent donc tout autant aux femmes et au féminin qu'aux hommes et au masculin. L'adoption d'une posture relationnelle ne signifie pas qu'on ne peut pas travailler de manière privilégiée sur l'un des groupes de sexe. Historiquement, les recherches féministes ont été largement consacrées à l'étude des expériences sociales des femmes, dans une perspective «compensatoire» face à des savoirs disciplinaires qui, prétendant étudier des individus abstraits, se sont en pratique majoritairement focalisés sur les hommes et le masculin. Un grand nombre des recherches menées «sur les femmes» relève d'une perspective relationnelle, c'est-à-dire envisage les femmes et le féminin comme le produit d'un rapport social. De même, un certain nombre de recherches sur les hommes et masculinités s'inscrivent dans l'héritage des recherches féministes et sur le genre, et adoptent cette posture relationnelle.

 


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