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Rencontre avec Ludwig Louton - L’ombre de Pessadilla

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Posted 8 years 8 months ago #978

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Tout juste âgé de 29 ans et originaire de Cherbourg, Ludwig Louton est l’un des très rares auteurs masculins de romances lesbiennes à être lu et reconnu dans le monde de la littérature saphique francophone. Afin de découvrir son univers artistique, il a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.

COMMENT AVEZ-VOUS EU L ’IDéE D’éCRIRE «L’OMBRE DE PESADILLA» ET SURTOUT, COMMENT EN êTES-VOUS VENU à CRéER DEUX PERSONNAGES LESBIENS ?
La femme lesbienne est très souvent cantonnée a un rôle secondaire, une comparse du personnage principal et, lorsqu’elle est l’héroïne, on la retrouve beaucoup dans les collections romantiques ou érotiques. J’ai moi-même écrit beaucoup de romances saphiques et je désirais qu’une lesbienne soit mon personnage phare sans que sa sexualité n’en soit la trame principale. Je voulais qu’elle vive une histoire d’aventure ou d’espionnage, et je réservais ce rôle pour un roman différent. Je n’avais au départ pas envisagé L’ombre de Pesadilla de cette manière, car j’avais promis à mes proches lecteurs une histoire hétérosexuelle. C’est lorsque j’ai introduit le personnage de Nadine qui voue une fascination sans limite à mon héroïne que j’ai laissé les choses se faire. Car si Pesadilla pouvait devenir un protagoniste célèbre de la littérature, il fallait à mes yeux que ce personnage soit porteur du message que les héros justiciers ne sont pas tous hétérosexuels et qu’ils peuvent rivaliser avec les autres.



VOTRE LIVRE EST éCRIT à LA PREMIèRE PERSONNE, AVEZ-VOUS RENCONTRé DES DIFFICULTéS à VOUS METTRE DANS LA PEAU DE VOTRE HéROïNE ?
Nullement. J’ai toujours eu plus de facilité à m’immerger dans des personnages féminins. J’ai agréablement surpris mon entourage avec ma première héroïne de fantasy, il y a douze ans. Les personnages
lesbiens sont arrivés quelques années plus tard lorsque j’ai tenté une romance érotique sur un forum. Ravi de pouvoir y trouver un lectorat un peu plus large que mon entourage proche et pour le conserver, j’ai continué à écrire des nouvelles sur les amours saphiques. Je me suis rendu compte bien plus tard, que lorsqu’on aime soi-même les femmes un peu androgynes, il devient très aisé de se mettre dans la peau d’une héroïne qui partage ces mêmes préférences.

POURQUOI LE GENRE SCIENCE-FICTION ?
J’ai toujours apprécié ce genre, à l’instar du fantastique, car il autorise énormément de liberté à l’imaginaire. Concevoir des mondes entiers, des langages, des créatures, c’est quelque chose d’exaltant. Pour L’ombre de Pesadilla, qui se déroule dans un univers contemporain, il me fallait donner à mon personnage un avantage. Elle ne pouvait devenir justicière sans savoir se battre, ni sans se faire rapidement incarcérer si elle ne disposait pas d’un atout. J’ai donc glissé la goutte de science-fiction qui a huilé toute la mécanique.

COMMENT S’EST DéROULéE L’éCRITURE DE CE ROMAN ?
Elle a commencé par l’objectif d’écrire un huis-clos érotique. En créant un personnage invisible appelé la Voix, en clin d’œil à un jeu vidéo, j’ai tout de suite pensé à un justicier sombre que j’avais créé il y a de cela dix ans. J’ai donc rapidement changé mon fusil d’épaule pour un roman de science-fiction. J’ai dû faire trois pauses d’environ un mois pour prendre du recul et repartir avec davantage d’idées. Pour ce roman, je n’ai pas construit de trame très définie et je me suis laissé transporter par le phénomène causes-conséquences que chaque action ou décision de mes personnages a provoqué. Les différents actes se sont suivis naturellement, et j’ai moi-même été très surpris de la tournure de certaines scènes.

Y’A-T-IL EUT DANS L’éCRITURE DES PASSAGES DIFFICILE à éCRIRE ?
Il y a eu quelques heures de page blanche lorsqu’il a fallu trouver des défis qui mettent réellement en difficulté l’héroïne, et lorsqu’il a fallu que je trouve un plan pour faire évader un personnage. En termes d’écriture, le plus difficile a été d’écrire les scènes pendant lesquelles Pesadilla utilise plusieurs cerceaux, car il me fallait rester bref pour préserver le lecteur dans l’action mais être à la fois assez précis pour qu’il comprenne bien ce qui se passe.

LA LITTéRATURE LESBIENNE EST TRèS RESTREINTE DANS LA FRANCOPHONIE. AVEZ-VOUS DES RETOURS DE VOS LECTEURS ET LECTRICES ? QUE PENSENT-ILS DU FAIT QU’UN HOMME RéDIGE UNE ROMANCE ENTRE FEMMES ?
J’ai toujours eu de bons échos de mes lectrices, et de mes lecteurs. Sur ce roman, j’ai eu la bonne surprise que le comité de lecture déclare “Les scènes d’amour lesbien sont forts belles et non pornographiques ; on les dirait écrites par une femme”. La véritable difficulté à mes yeux est de toucher le public qui ne m’a pas encore lu. Partant d’un principe répandu qu’un
homme ne peut pas comprendre une femme, celui qui écrit du lesbien est forcément à côté de la plaque ou écrit du porno. L’accueil basé sur ces a priori est à la fois critique et caustique. Quant à beaucoup de mes lecteurs, ils osent très peu parler à leurs proches des livres où je traite d’homosexualité.

COMMENT LES MAISONS D’éDITIONS ONT-ELLES RéAGI à VOTRE MANUSCRIT ?
Je n’ai tapé à la porte que d’un petit nombre de maisons d’éditions. Je ne saurais être juge des raisons de leur refus. J’ai eu beaucoup de réponses pour des comptes d’auteur à des tarifs exorbitants. Un peu impatient de le faire paraître, je suis retourné chez les éditions ThoT, leur comité de lecture a été plutôt enthousiaste et m’a donné des conseils très utiles sur le style. L’éditeur, quant à lui, m’a élu coup de cœur du mois et m’a assuré une promotion plutôt satisfaisante.

UNE SUITE EST-ELLE PRéVUE ? AVEZ-VOUS D’AUTRES PROJETS D’éCRITURE ?
Une suite est prévue, son écriture est bientôt achevée. J’attends néanmoins davantage de ventes sur le premier tome avant de le lancer pour pouvoir garder le même éditeur et le même format. En parallèle, je commence à autoéditer des nouvelles en spin-off, qui n’ont pas forcément l’envergure pour séduire des éditeurs mais qui peuvent intéresser ceux qui veulent creuser l’univers. J’ai du coup énormément de projets. Le prochain roman que je viens de terminer raconte la romance timide entre deux adolescentes et leur ouverture progressive à une sexualité qu’elles n’avaient jamais envisagé.
Le roman est accessible sur les librairies en ligne, Fnac, Amazon et peut être commandé dans toutes les librairies.

Propos recueillis par Emmanuelle Gaultier

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