De Guerre, d'amour et de sang - Tome 1 (réédition 2019)
7,90 €
► Version rééditée en septembre 2019
► Nombre de mots : 48026
► Nombre de tomes : 1 sur 9
► Genre : Fantastique, chick-lit
► Public : Adulte, jeune adulte
► Niveau d'érotisme : ★★★☆☆
Format livre :
EXTRAIT
Je me retrouvai dehors et le vent froid me claqua. Je relevai ma capuche sur ma tête et enfonçai mes mains dans les poches de ma veste. Je restai un instant à la chercher des yeux sans la voir. Des gens sortaient, d’autres entraient, des voitures passaient au ralenti devant l’immeuble, mais elle n’était plus là. Il n’était pas pensable de me résigner, de laisser passer la possibilité de lui parler, même pour obtenir simplement son prénom et peu importait de me couvrir de ridicule.
Je contournai la façade du bar jusqu’au parking sans la voir. Il me semblait arriver trop tard… Je me retrouvai seule au milieu des voitures et mesurai mon audace vaine. Jamais je n’avais perçu pareil sentiment de frustration et de dépit en cette seconde.
Je sursautai en entendant un bruit derrière moi et me tournai. Sa silhouette divine se dressa devant moi, à moins d’un mètre. Son visage sembla plus pâle sous la lumière blanche des lampadaires de la rue. Je fronçai les sourcils de façon instinctive, me demandant ce que je faisais planter là. Elle devait certainement se poser la même question en y songeant (ou peut-être pas). Sa main approcha de ma joue et j’eus une seconde d’hésitation spontanée où mon souffle se coupa. Devais-je reculer, parler, arrêter son geste ? Je sentis la fraîcheur de sa peau sur la mienne et sus qu’il était trop tard pour prendre une décision. Sa paume de marbre englobait ma joue. Ses yeux couleur noisette s’assombrissaient sous la pénombre de la nuit. Ils me dévisageaient, hypnotiques et pénétrants. J’en devenais muette et paralysée. Mon cœur battait la chamade, affolé, me provoquant de légers vertiges inhabituels. Le temps sembla suspendu à un fil où le moindre mouvement de ma part aurait pu le rompre et briser cet instant. Immobile, les pieds englués au bitume, je suivis son autre main des yeux avant qu’elle ne m’écarte quelques mèches du visage. Le silence entre nous deux se répandait aux alentours. Je n’entendais plus un seul son malgré la proximité d’une avenue. Même le froid qui nous entourait ne paraissait plus avoir d’effet sur moi. Elle n’avait toujours pas dit un seul mot et ne faisait que me fixer sans relâche. Elle combla le peu d’espace qui demeurait entre nous et brisa enfin le silence.
— Tu me cherchais ?
Sa voix rocailleuse venait de caresser mes tympans. Mes sourcils levés, je me mis à réfléchir à toutes les réponses possibles que je pouvais lui donner. Pourtant, une seule était suffisante et tellement évidente : « Oui » je la cherchais. Pourquoi serais-je sortie sur ce parking, seule, à cette heure tardive s’il en avait été autrement ? Le fait était que je ne parvenais plus à organiser le cours de mes pensées, ne mesurais pas combien la froideur de sa peau était anormale. Mon regard ne se détournait pas du sien comme si sa présence faisait d’elle un mirage. J’osai enfin émettre un son :
— C’est vrai que ça pourrait sembler stupide.
Je me maudis de me perdre dans ma réponse, mais m’étais obligée de me justifier. Je n’étais pas de nature timide en général. Cette soirée était l’exception. Je repris dans un air se voulant plus convaincu :
— Je veux dire, ça l’est, je sais, mais tu me regardais et…
On se regardait et je ne m’en sortais pas dans mes tentatives d’explications. Le pire était sûrement de la constater impassible face à mes justifications, face à mes balbutiements idiots. Pourquoi diable ne me faisait-elle pas un signe, ne disait-elle pas un mot qui aurait pu conclure ce malentendu ridicule ? Au contraire, elle demeurait immobile, sa main sur ma joue, l’autre occupée dans mes cheveux. Je demeurai paralysée, les semelles de mes baskets scotchées à l’asphalte, affligée de longs frissons nés de ces contacts. J’entendis sa voix, espérant que ses mots me libéreraient de mon malaise.
— Et quoi ?
Au contraire, cette question m’enfonça dans mon trouble. Et quoi ? Que devais-je répondre ? Quels avaient été mes derniers mots prononcés avant qu’elle ne formule l’idée d’avoir une suite à mes paroles ? Comment pourrais-je me sortir de cet état de confusion dans lequel j’avais sombré ? Cette fille se tenait devant moi, je sentais ses doigts parcourir mes cheveux, sa main glisser jusqu’à ma mâchoire et je demeurais aussi muette qu’une carpe. Je tentai pourtant :
— Je ne suis pas d’ici… J’habite à Falls.
Je ne vis toujours aucune réaction de sa part. Pourtant, elle me semblait attentive au moindre de mes mots et son regard ne me quittait pas, intimidant. Sans une parole de plus, je vis son visage approcher du mien. À cette seconde, mon cœur perdit son rythme et ses battements devinrent anarchiques. Le contact de ses lèvres sur les miennes me figea, me délesta de toute la tension des dernières secondes et me fit sombrer dans un état fiévreux